En janvier 1930, une section de ski a été créée au sein de l’U.S.B.C (Union Sportive Bellegarde Coupy), le club de rugby de Bellegarde-sur-Valserine. C’est le 23 novembre 1966 que la section ski de l’U.S.B.C. est officiellement devenue Ski Club de Bellegarde avec la parution au journal officiel de sa création en tant qu’association régie par la loi de 1901.
Vous pouvez lire ci-dessous le contenu du premier bulletin de cette section qui a paru en novembre 1935.
Vous y apprendrez différentes techniques pour freiner à ski et qu’il y a eu un projet de téléphérique entre Bellegarde et le « Grand Credo » !
U.S.B.C.
Section de Ski
Novembre 1935
Chers camarades,
Parmi les nombreuses idées que notre actif Comité avait mises à l’étude, une vient d’aboutir, et le Bulletin de la Section est enfin né.
D’ores et déjà nous sommes assurés que tous nos collègues lui feront bon accueil.
Un contact plus intime sera ainsi créé entre le Comité et les membres de la Section, et la collectivité en bénéficiera.
De nombreuses pages de texte viendront agrémenter cette revue, avec croquis et itinéraires, renseignements et conseils. Des courses collectives projetées seront annoncées, et le compte-rendu de nos sorties sera publié avec des photographies aussi nombreuses que possible.
Mais pour qu’une telle initiative soit couronnée de succès, il nous faut la collaboration de tous. N’oubliez pas que cette revue est la vôtre.
Aidez-nous à en augmenter l’intérêt.
Cherchez dans vos souvenirs, une nouvelle, le récit d’une course, qui puissent intéresser nos collègues.
Écrivez-nous.
Faites-nous part de vos critiques, apportez-nous vos suggestions.
Travaillez à sa diffusion en nous faisant des membres nouveaux.
Nous espérons que tous seront heureux de cette innovation, et nous sommes certains, par avance, de l’avenir grandissant de notre Bulletin et de notre Section.
Le Comité
Créée en janvier 1930 par quelques camarades fervents du ski, la Section compte actuellement plus de cent vingt membres, et voit chaque année s’accroître ses participants.
Cette progression est une juste récompense pour ses dirigeants qui se dépensent sans compter pour faire de notre Section un club digne de Bellegarde et de la belle contrée qu’il représente.
Grâce au dévouement des organisateurs, à la sûre technique de son président, la qualité des skieurs bellegardiens atteignit vite un niveau suffisant pour permettre de belles sorties, et dès 1933 nombreux furent ceux qui profitèrent des collectives avantageuses.
En 1933 particulièrement, grâce à un enneigement de choix, et à des conditions atmosphériques favorables, la Section connut un entrain considérable, et les amateurs jusque-là confinés sur les petites pentes des alentours, apprirent à se griser des belles descentes, des splendides paysages de la Clusaz ou des Grands Vents(1), pour ne citer que les meilleures.
Les leçons données par les plus habiles permirent aux débutants de vite tenir une place dans la Section, et de dépasser parfois les professeurs bénévoles.
La saison 1934 vit encore une recrudescence d’aspirants et chacun se promettait de faire des exploits « formidables ». Malheureusement les conditions météorologiques furent nettement défavorables et dès fin janvier il n’y eut pas un dimanche vraiment beau qui permit aux moins « mordus » de passer une agréable journée au bon soleil, sur la neige, les planches aux pieds. Les collectives de la Dôle avec instruction du champion Berthet, la Clusaz, la Pesse, les Grands Vents, etc. connurent pourtant un gros succès et ont laissé des souvenirs inoubliables à beaucoup.
Au point de vue ski de compétition, la Section ne possède pas, ou presque, d’éléments. Ceci est dû à l’éloignement des champs d’entraînement quotidien et à l’absence de moniteur officiel. Néanmoins La Société a participé, et parfois brillamment, aux concours régionaux du Poizat, la Pesse, Lélex et Giron-Bellegarde. Les coupes Darmet et Gigord ont prouvé d’ailleurs que l’esprit de compétition était bien vivace et qu’il suffisait d’un rien pour faire naître le désir de vaincre.
Cette année, la section fera encore mieux et, certaine d’avoir votre appui, elle a mis à exécution l’aménagement du Grand Credo (piste, chalet, etc.).
Membres juniors (jusqu’à 15 ans) | 15 frs |
Membres juniors (de 15 à 20 ans) | 20 frs |
Membres seniors (homme ou femme) | 25 frs |
donnant droit aux sorties collectives, à l’assurance, et à des tarifs réduits au chalet et chez certains commerçants.
L’assurance garantit les frais médicaux et pharmaceutiques sans limite et une somme de 2 000 frs pour frais de recherches en montagne, 5 000 frs en cas d’incapacité totale, et couvre la responsabilité civile de chacun des membres jusqu’à concurrence de 100 000 frs.
Adhérer à la Section de ski, c’est faire une économie et pour tout skieur un acte de prévoyance à bon compte. Vous bénéficierez d’autre part, de l’expérience de bons skieurs et de moniteurs qui se feront un plaisir de vous initier.
Inscriptions aux réunions générales et tous les mercredis au siège : Brasserie Darmet de 20 h 30 à 21 h 30.
Les moyens de freiner à ski
Le gros souci de tous les débutants et de beaucoup de skieurs amateurs vient toujours dans une descente de l’idée « comment rester maître de ma vitesse ? ».
Personnellement, nous avons eu des descentes gâchées complètement par cette obsession. Il est donc absolument indispensable de consacrer du temps à l’apprentissage des différents moyens de freinage.
Le chasse-neige est le premier type et sinon le moins pénible, tout au moins le plus facile des freinages. Il consiste à écarter fortement les talons du ski et à maintenir ceux-ci dans un angle plus ou moins grand.
Partir d’une position basse, et d’une forte poussée des talons, écarter l’arrière des skis en laissant les spatules jointes. Rester très souple et fléchi. Ne pas déverser les skis dans la neige poudreuse, l’efficacité du freinage étant due plutôt à l’écartement de l’arrière des skis qu’au déversement qui n’est utile que sur la neige dure.
Ce freinage est à employer dans une descente de face ou dans un chemin assez large.
Le stemm ou demi chasse-neige : ce freinage est d’une très grande utilité pour le skieur touriste, et nous ne saurions trop recommander son étude à fond. Il permet de prendre des descentes très rapides, de flanc, et de contrôler sa vitesse dans des chemins étroits. Comme le chasse-neige il est fatiguant et ne peut s’employer très longtemps.
Descendre de flanc, en trace serrée, position basse.
Placer le poids du corps sur le ski amont, le ski aval frôlant la neige. Appuyer alors sur le talon du ski aval en gardant une position très accroupie sur la jambe amont ; ne jamais soulever le talon. Le poing amont doit se trouver alors en avant du bout du pied.
Presser plus ou moins énergiquement sur le talon aval suivant le degré de freinage désiré, mais sans transférer le poids du corps qui reste toujours en amont.
Le stemmbogen ou arrêt freinage : du stemm on passe très facilement à l’arrêt stemmbogen. Étant en position de stemm très accroupi, il suffit en pliant fortement le genou aval de faire passer le poids du corps sur le ski aval ce qui donne l’arrêt.
Pour l’entraînement des coureurs et le perfectionnement des sociétaires, il manquait une piste de descente. Cette lacune vient d’être comblée, une piste superbe, unique dans la région, vient d’être aménagée au Grand Credo. Dans un cadre magnifique ce sera la folle glissade dans le calme des grandes étendues neigeuses. Cette piste de 600 mètres de dénivellation sur une longueur de 4,5 kilomètres, partira de 1 600 mètres d’altitude, dans un site merveilleux, où l’on jouit des splendeurs des levers et des couchers de soleil, dans la féerie des jeux de lumière et l’enchantement des yeux.
Trois magnifiques virages relevés ont été aménagés de manière à permettre de grandes vitesses sans crainte d’accident. L’arrivée a lieu près de la ferme Blanc après un passage vertigineux. Plusieurs skieurs peuvent descendre de front sur cette piste qui est fort bien conçue.
Depuis plusieurs semaines des sociétaires dévoués l’ont aménagée. Bientôt, grâce au téléphérique de Bellegarde, la piste de descente du Grand Credo attirera en foule lyonnais, bressans, genevois, etc.
Grâce au travail obscur et dévoué de nombreux sociétaires, les skieurs apprécieront les champs de ski d’une montagne trop peu connue, d’où la vue plonge sur le lac Léman et sur les cimes des Alpes de Savoie jusqu’au scintillement du Mont-Blanc.
La piste de ski permettra à tous les sociétaires de goûter des plaisirs et des émotions sans pareils, des souvenirs qui feront de la saison d’hiver la plus belle de l’année.
Pierre Grandclément
Petite fleur perchée au sommet des montagnes
Accrochée à leurs rocs, tu leur sers de compagne.
Et quand la blanche neige en juillet disparaît
Tu te dresses joyeuse au soleil qui parait.Soyeuse et cotonnée, tu balances câline
Sur ta tige élancée, ton étoile si fine
Dominant l’univers dans son immensité,
Tu es la tendre amie des monts déshérités.Dans l’air pur vivifié des hautes altitudes
De loin on vient parfois troubler ta solitude.
On te cueille, on te prend, t’écartelant toujours
Pour marquer les romans à la page du jour.Devant les magasins des cités touristiques
On t’étale au milieu d’autres fleurs magnifiques ;
Le passant attiré par ton aspect soyeux
Te contemple un instant et t’emporte joyeux.On t’expédie bien loin, car de charmes tu sers
À maints objets qui vont, partout même au désert.
Étant le souvenir vivant que rien n’efface,
Tu trouves chez le riche ou le pauvre, ta place.Vers 1e maigre rocher dont tu gardes la flamme,
Ton étoile effilée semble tendre ses bras
Pour incarner ainsi l’amitié ici-bas,
Qui en nos corps sans vie, fait palpiter nos âmes.M. Nublat
Sous l’impulsion donnée par son dévoué président, un gros effort a été fait par notre Société ; il s’agit de l’aménagement du chalet de Varambon, que vous connaissez tous, au moins de nom.
Cet aménagement sera modeste, mais très suffisant pour passer une nuit ou deux et faire sa « popote ». Des bas-flancs munis de paillasses et de couvertures, un fourneau, une table, des bancs, un placard, une batterie de cuisine, voilà quel en sera le mobilier. Auparavant le chalet aura été rendu propre et habitable par les soins de tous les sociétaires de bonne volonté. Ainsi aménagé, le chalet de Varambon pourra offrir le coucher à 30 skieurs. Nous ajoutons qu’il sera gardé les samedis et dimanches.
Notre trésorier vous a fait part de la dépense minime qu’entraînera cet aménagement.
Nous espérons que tous ceux qui connaissent le Grand Credo ou Sorgia, iront encore plus souvent lorsqu’ils seront sûrs de trouver un abri, et que ceux qui ne le connaissent pas auront une bonne occasion de partir à la découverte de cette montagne qui offre de très jolies pistes, et dont l’accès leur sera rendu ainsi plus facile.
Nous pensons que vous saurez récompenser notre effort en venant nombreux dans « votre » chalet, et nous comptons sur la correction de tous pour la bonne tenue de ce chalet, et le bon renom de la Société.
Skieurs, soyez prudents !
Les accidents sont dus le plus souvent à l’inexpérience ou à l’imprévoyance des skieurs.
Ne partez jamais seul. Un ski peut se casser, une attache se rompre. L’accident le plus banal peut avoir les plus graves conséquences, faute d’un compagnon pour vous aider ou de moyens matériels, que vous ne pouvez avoir seul, pour y remédier.
Évitez la témérité et n’ayez pas de faux amour-propre. Ne préjugez pas de vos moyens physiques, ni de votre endurance morale.
Les jours sont courts : ne vous laissez pas surprendre par la nuit loin d’un refuge. En cas de brouillard ou de mauvais temps, ne vous perdez pas de vue les uns des autres et revenez en hâte au refuge.
Le gérant : Émile Duverne